The Pentaverate: le retour de Mike Myers ne fait pas dans la dentelle [CRITIQUE]

The Pentaverate
Après des années d’absence, Mike Myers est de retour à l’avant-scène dans la minisérie The Pentaverate, tentant de faire oublier les douloureux souvenirs de sa création précédente, l’infâme Love Guru.
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Diffusée sur Netflix, la série de six épisodes est tout ce qu’il y a de plus «Mike Myers». Le comédien y tient huit rôles, les blagues à prendre au premier degré sont nombreuses et l’humour absurde domine.
Mais est-ce que le «modèle d’affaire» du comédien canadien tient encore la route en 2022? Peut-être pas autant qu’on le voudrait.
Une société secrète... qui veut votre bien!
Pourtant, on ne peut pas accuser Myers d’essayer d’être de son temps, du moins en ce qui concerne la trame scénaristique de sa minisérie. The Pentaverate plonge dans l’univers des théories du complot – un peu trop en vogue depuis le début de la pandémie – et met de l’avant une société secrète de cinq hommes, qui contrôlerait la destinée de la race humaine depuis la peste noire de 1347.
La différence avec les supposées conspirations qui retiennent l’attention en 2022, toutefois, c’est que le Pentaverate, lui, veut le bien de l’humanité! Voilà quelque chose qui surprendrait bien des complotistes...
En ce sens, la série suit en partie les péripéties de l’organisation secrète et, en parallèle, celles d’un journaliste canadien, Ken Scarborough, qui tente d’infiltrer le Pentaverate pour mettre au jour une grosse histoire et ainsi retrouver son travail de reporter après avoir été congédié.
Sans grande surprise, Mike Myers joue ici cinq membres du Pentaverate (un vieux sage britannique, un magnat des médias australien, un ancien oligarque russe, l’agent d’Alice Cooper et un génie de l’informatique un peu hippie), Ken Scarborough, un complotiste américain et un commentateur Web d’extrême droite.
Cela dit, on a aussi droit à une brochette d’acteurs de soutien qui viennent un peu varier les visages, comme les toujours sympathiques Keegan-Michael Key et Ken Jeong, de même que Lydia West et Debi Mazar, deux figures féminines fortes dans la série. En prime, on a aussi droit à de brèves, mais quand même très drôles apparitions de Rob Lowe et Jeremy Irons.
Le premier degré du premier degré
Mettons quelque chose au clair: si le sujet est étonnamment d’actualité, l’humour de la série, lui, est définitivement d’une autre époque.
Comme plusieurs qui vont lire ces lignes, mon enfance et mon adolescence ont été bercées par les comédies de Mike Myers. J’ai vu Wayne’s World assez souvent pour en endommager la VHS. J’ai ri maintes fois à en perdre le souffle à voir Austin Powers essayer de reculer sa maudite petite voiturette dans les corridors serrés du repaire du Docteur Terreur.
Je suis la clientèle cible de Pentaverate, comme on dit. Et pourtant, la série de six épisodes ne m’a pas fait rire. Sourire, parfois, mais surtout regarder mon écran avec étonnement, surpris de voir qu’on pouvait remplir un épisode de 20 minutes avec autant de blagues de caca, de pipi et de fesses.
C’est impressionnant... et pas nécessairement drôle!
Je sonne un peu rabat-joie, mais même si les premières créations de Myers ne faisaient pas non plus dans la dentelle, c’était fait avec un peu plus de subtilité. Pour les fans d’Austin Powers, imaginez l’humour de Ventripotent (Fat Bastard) étiré d’un bout à l’autre, ou presque. Les flatulences, les gags de toilette, la chaîne canadienne d’information qui s’appelle CACA News... vous voyez le genre.
Et ça, c’est sans parler des gags qui semblent tout simplement du réchauffé des autres créations de Myers. Une séquence de nudité où la censure ne fonctionne pas complètement, et qui met, évidemment, quelques saucisses en scène, ça vous dit quelque chose?
En même temps, The Pentaverate n’est pas non plus dénué de tout intérêt, plus particulièrement par les inconditionnels de Mike Myers, qui s’ennuyaient du comédien.
L’univers de la série est somme toute intéressant, l’intrigue n’est pas si mal et quelques clins d’œil «meta» à l’actualité, et même au diffuseur Netflix, font sourire. Et si les personnages ici de Myers ne passeront pas à l’histoire, ils offrent chacun quelques bons moments, tout comme Ken Jeong, Keegan-Michael Key et Rob Lowe. Le générique, narré de façon assez champ gauche par Jeremy Irons, se veut aussi une idée bien exploitée.
Bref, la plupart du temps, on ne s’ennuie pas (trop). Les nostalgiques de Myers seront possiblement contents de retrouver l’acteur, tandis que ses détracteurs seront une fois de plus rebutés. Peu importe le public, certes, une chose est à peu près certaine: la série ne marquera pas les esprits... et on risque de l’avoir oubliée dans quelques mois.
The Pentaverate est un divertissement correct, qui fait un peu penser au Kraft Dinner. Ça passe... quand le frigo est vide et qu’on a une envie particulière.