Critique de la série télé «The Last of Us»

L’adaptation très attendue de la série The Last of Us pour la télé démarre sur HBO dimanche. J’ai eu l’occasion de la visionner, et je vais vous offrir mes impressions sans en dire trop pour ne rien gâcher.
Comment pourrais-je gâcher une histoire déjà si connue par plein de fans du jeu vidéo? Eh bien, la première bonne nouvelle commence ici: la série télé réserve une panoplie de surprises pour ceux qui connaissent déjà très bien The Last of Us.
La série The Last of Us a été conçue par son créateur original Neil Druckmann ainsi que Craig Mazin, à qui on doit Chernobyl en 2019. Basée sur le premier jeu vidéo sorti en 2013, la série suit l’histoire de Joel et Ellie pendant qu’ils traversent les États-Unis alors qu’une infection fongique a anéanti une bonne partie de l’humanité.
L’histoire
Joel (Pedro Pascal) est un contrebandier qui obtient la mission d’accompagner Ellie (Bella Ramsey), 14 ans, vers des médecins qui souhaitent tenter de créer un vaccin contre les infections fongiques. Les personnes infectées sont extrêmement dangereuses, sauf qu’Ellie semble avoir une immunité qui pourrait sauver le monde entier. Joel ne veut rien savoir de l’adolescente, qu’il considère comme une cargaison qu’il doit livrer afin d’obtenir un paiement.
Jusqu’ici, l’histoire est la même que le jeu vidéo. Un gros changement qu’on a avec la série, toutefois, est que les origines de la pandémie sont mieux expliquées, et ceux qui ont déjà aimé le jeu en sauront davantage la propagation des infections chez les humains.
Un autre truc qui a été modifié, c’est que la version de l’infection dans la série télé ne peut pas être propagée par des spores, un changement que Neil Druckmann avait déjà confirmé. En toute franchise, il s’agit peut-être du seul défaut que j’ai pu identifier lors de mon visionnement, car le reste est vraiment solide. Un autre phénomène a été ajouté pour compenser, mais je vous laisse la surprise.
Joel et Ellie ne passent pas certainement par les mêmes villes que dans le jeu, non plus. Ce n’est pas vraiment un détail dérangeant et ça ne complique pas la ligne de temps ni l’histoire.
La série couvre aussi les événements marquants du DLC du jeu, Left Behind, où l’on apprend comment Ellie a été infectée. Certains trouveront peut-être que le temps consacré à cette partie de l’histoire est trop important, mais personnellement, j’étais heureuse d’avoir plus de contexte. On voit Ellie avant qu’elle ait le poids de l’humanité sur les épaules et ça donne de beaux moments.
Les personnages
La distribution de la série soulève les passions, mais selon moi, Pedro Pascal et Bella Ramsey sont d’excellents choix pour les rôles de Joel et Ellie. Leur chimie crève l’écran et leurs performances sont si convaincantes que j’en ai parfois oublié le jeu original.
Ces rôles étaient incarnés par Troy Baker et Ashley Johnson dans la version vidéoludique et ils étaient excellents. Heureusement, la série réserve des rôles différents pour ces derniers, qui méritent que leur travail ne soit pas oublié. Mais Joel et Ellie, dans ma tête, seront maintenant Pedro Pascal et Bella Ramsey à tout jamais. Parce qu’ils ont été carrément parfaits, selon moi.
Bill, incarné par Nick Offerman, a une histoire assez différente que dans le jeu vidéo. On apprend à connaître Frank à ses côtés, incarné par l’excellent Murray Bartlett de White Lotus, qui demeure plutôt mystérieux dans le jeu original. Ici, on a une histoire totalement enrichie et marquante qui risque d’être célébrée aux cérémonies de prix en télé. Offerman et Bartlett sont au sommet de leurs carrières et ils volent presque le show.
Les humains avant tout
Dans les jeux vidéo The Last of Us, les humains sont encore plus terrifiants que les créatures infectées dans un contexte post-apocalyptique. La série plonge encore plus loin dans les histoires humaines et on apprend à connaître encore mieux les personnages marquants ainsi que leurs motivations. Les subtilités et nuances ont un plus grand rôle.
Le récit d’un jeu vidéo est conçu dans un contexte où la jouabilité doit être primordiale. Mais pour une série télé, ça ne fonctionnerait pas vraiment. L’adaptation propose donc un peu moins d’action et de confrontations avec des infectées, mais plus de dialogues. On apprend aussi à connaître d’autres survivants et le tout s’harmonise très bien lorsqu’on voit ces derniers éventuellement interagir avec les protagonistes. Et même si l’action est légèrement réduite, elle n’est pas moins marquante. C’est une série violente qui se déroule dans un monde cruel et ça, on nous le rappelle assez souvent.
Les infectés, ou clickers, sont omniprésents durant l’aventure, mais leur menace ne se fait pas toujours sentir. J’ai parfois oublié qu’ils existaient parce que les humains jouaient les vrais monstres. Ça devient donc encore plus effrayant quand un clicker apparaît. Les personnages peuvent améliorer leur sort, mais il suffit d’être mordu par un clicker pour que tout soit fini.
Est-ce que c'est bon?
J’ai adoré chaque moment de la série. J’ai voulu gérer mes attentes, car The Last of Us est l’un de mes jeux préférés, mais la série ne m’a pas déçue; elle a plutôt enrichi une histoire que j’adorais déjà. Mon seul bémol, c’est l’absence des spores. C’est pas un très gros bémol.
Les personnages sont plus développés, leurs interactions sont encore plus intéressantes et les clickers sont carrément terrifiants. Mais c’est surtout grâce aux acteurs que The Last of Us est une réussite. Bella Ramsey et Pedro Pascal forment un duo crédible et on assiste encore mieux à l’évolution de leur amitié.
C’est un beau cadeau pour les fans de la franchise. La série est remplie de plans sortis du jeu et de références pertinentes. Elle garde assez de surprise pour ne pas être trop prévisible, même si on connaît déjà l’histoire. C’est comme un bon repas qu’on a nouvellement assaisonné avec plein de bonnes épices qui rehaussent le tout.
Il ne manque pas de scènes importantes du jeu, non plus. Tout ce que je voulais voir dans la série y est. J’avais une petite liste de scènes que je voulais absolument voir et je n’ai pas été déçue de ce côté.
Les joueurs qui s’amusent à lire les notes éparpillées dans le jeu seront, selon moi, bien satisfaits de l’approfondissement des histoires et reconnaîtront certainement plusieurs «easter eggs» amusants. J’ai remarqué plus de références au jeu lors de mon deuxième visionnement, alors on est bien gâtés.
L’adaptation sera aussi accessible aux nouveaux venus. Pas besoin de connaître le jeu pour comprendre ce qui se passe, car tout est détaillé de façon méticuleuse et invitante.
J’ai autant aimé la série télé que le jeu; chose que je croyais carrément impossible. Maintenant, on a juste besoin d’un renouvellement pour une deuxième saison.
Le premier épisode de la série The Last of Us sera diffusé dimanche sur HBO.